Le vrai moteur de la transition c’est l’éducation pour Mélusine Boon-Falleur
Jour E, l’événement qui favorise le passage au vert du business des entreprises, c’était le 2 avril 2025 en direct du Palais Rameau de Lille. L’occasion pour Big média d’installer son plateau et d’y recevoir celles et ceux engagés dans la transition écologique de la France. Mélusine Boon-Falleur, chercheuse et professeure au Centre de Recherche sur les inégalités sociales à Sciences Po Paris, s’est confiée durant dix minutes à notre micro. Extraits.
Le rôle de l’éducation dans la transition écologique et sociale
Plusieurs études à l’instar de celles du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), ou encore le baromètre de l’Agence de la transition écologique (Ademe) l’ont démontré : les personnes ayant un niveau d’éducation plus élevé ont davantage tendance à faire confiance aux experts scientifiques, notamment sur les sujets complexes comme le changement climatique. Une confiance qui est notamment liée à un meilleur accès à l’information, une habitude des sources scientifiques, et parfois à une plus grande sensibilité à l’égard des enjeux globaux. « Il existe un effet direct de l’éducation sur la propension des individus à prendre en compte l’urgence climatique », confirme d’emblée Mélusine Boon-Falleur au micro de la journaliste Cyrielle Hariel. Durant cet entretien, la formatrice insiste également sur le fait que les cours font désormais de plus en plus la part belle aux solutions et non plus au simple constat de la planète en danger.
Se concentrer sur les solutions pour engager la transition
Car si la crise climatique est une réalité concrète et ravageuse, Mélusine Boon-Falleur, au sein du Centre de Recherche sur les inégalités sociales, se concentre désormais sur les solutions à apporter. « Qu’elles soient technologiques ou de politique publique, il est important de continuer à les développer pour être en mesure d’éduquer et d’emmener l’ensemble de la population sur ces sujets. Qu’elle y participe d’une manière ou d’une autre. » Énormément de progrès ont été réalisés ces vingt dernières années sur la vulgarisation des questions climatiques et écologiques plus largement, explique la chercheuse à Sciences Po. « La grande majorité des universités offrent des cours sur ces sujets et l’opinion publique, les médias, s’en sont également emparés. Certes il y a eu un décalage entre les découvertes scientifiques et la prise de conscience généralisée, mais l’essentiel du chemin a été fait sur cette prise de conscience. Il faut s’attaquer désormais aux solutions. »
Aller au-delà des solutions technologiques
La bonne nouvelle est que de plus en plus de cours répondent aux problématiques écologiques à Sciences Po Paris, la plupart étant obligatoires par ailleurs. « Le but est de donner aux étudiants une approche pluridisciplinaire de la transition écologique pour qu’ils puissent s’approprier ces enjeux, confie la chercheuse. C’est le cas dans chaque département de Sciences Po, qu’il s’agisse des Masters en urbanisme, en affaires publiques ou encore en affaires internationales. » L’objectif ? Aller au-delà des solutions technologiques et des diplômes d’ingénieurs, qui demeurent bien entendu très importants sur ces questions. Comment ? « En allant davantage sur le terrain de la science sociale pour trouver des solutions, dans la conception de politiques publiques pour répondre à ces enjeux, dans la mise en place de nouveaux modèles économiques afin d’être capables de faire face également à la transition », développe Mélusine Boon-Falleur. Sans oublier une des pierres angulaires du système : réussir à comprendre comment créer un consensus, un mouvement citoyen autour de la transition écologique.
La transition écologique désormais intégrée dans les carrières
Les étudiants semblent désormais avoir intégré que la transition écologique est un enjeu à prendre en compte dans leur carrière, d’après Mélusine Boon-Falleur, et ce même si ce n’est pas leur préoccupation première ou qu’ils s’orientent vers un secteur différent. La scientifique relève également deux autres grands changements observés chez les étudiants qu’elle côtoie quotidiennement. « Contrairement à dix ou quinze ans en arrière, les élèves ont une compréhension plus globale des crises écologiques et ne vont plus s’intéresser qu’au seul climat. Leur relation au vivant a complètement changé et ils sont aujourd’hui au fait des problématiques comme la perte de biodiversité, la pollution des sols… » Dernier point : la dimension sociale de la transition écologique est désormais mieux comprise, d’après elle, la relation entre inégalités et TEE n’étant plus à démontrer dans certains cas.
Comment favoriser la transformation collective ?
Les solutions pour favoriser la transition écologique ne sont pas uniquement d’ordre technique, comme l’a précisé la professeure à Sciences Po Paris. Les innovations sociales sont à prendre en compte pour éviter que la TEE ne creuse davantage les inégalités dans la société. Comment faire pour engager la population dans son ensemble ? « La vulgarisation scientifique, à l’image de The Impact Story, de Bon Pote ou encore du podcast Chaleur Humaine, est essentielle pour embarquer un maximum de gens dans la transition, concède Mélusine Boon-Falleur. Je crois qu’il est nécessaire d’étendre ces initiatives à d’autres publics, trouver des émetteurs qui vont pouvoir s’adresser à des personnes moins privilégiées ou hors des grandes villes. Je pense notamment à Banlieues Climat, association qui vise à fédérer, sensibiliser et inspirer les populations des quartiers populaires sur les questions environnementales et climatiques. » Une transformation collective qui ne pourra d’ailleurs se faire, selon la chercheuse, que si les questions écologiques sont abordées à travers un prisme social de la part des représentants politiques.
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