ChangeNOW : parler d’impact positif autrement avec le Trivial pour Green

Le 28/04/2025
5 min

Six convives autour d’une table discutent avec entrain. Leur sujet ? La décarbonation des entreprises. Parmi eux, l’un est PDG d’une start-up spécialisée dans le traitement de l’eau par les algues, un deuxième est à la tête d’une entreprise qui valorise la seconde main, une autre est directrice prospective d’un groupe de design global, etc. Les profils sont variés, mais leurs intérêts convergent tous vers un même objectif : défendre la transition écologique, valoriser les mesures à impact positif et faire rayonner les bonnes pratiques. Et tous sont membres de la communauté du Coq Vert de Bpifrance. S’ils en sont venus à confronter leur point de vue sur la décarbonation, c’est parce qu’ils se sont inscrits au Trivial pour Green, une initiative originale initiée par le Coq Vert dans le cadre de ChangeNOW. L’idée ? S’inspirer d’un célèbre jeu de société pour débattre, de façon ludique et interactive, autour de quatre thématiques phares : décarbonation de son activité donc, mais aussi transition énergétique, mobilisation des salariés et adaptation.  

Changer de paradigme 

Sous la nef du Grand Palais, où se tient l’édition 2025 de ChangeNOW, une cinquantaine de participants sont ainsi invités à confronter leurs connaissances et leurs retours d’expérience. Chaque atelier dure quinze minutes, au terme desquelles on change de table et on amorce la conversation sur une nouvelle thématique, avec de nouveaux « partenaires de jeu ». Des cartes font office d’icebreaker. Quelques exemples ? « Sur une échelle de 1 à 10, à combien estimes-tu la capacité de ton entreprise à faire face à une forte contrainte énergétique ? » ; « Organiser des challenges en interne constitue la solution la plus efficace pour inciter les salariés à l’action climatique : d’accord ou pas d’accord ? » ; « Intégrer des critères d’émissions CO2 dans le choix des fournisseurs : une initiative à impact faible, moyen ou élevé ? ». A la table « décarbonation », il faut également compléter cette phrase : « Un des principaux freins à la décarbonation des organisations est… ». « L’argent ! » répondent quasiment en chœur les six participants. Ils sont d’accord : souvent, le frein vers des pratiques plus vertueuses reste le coût que suppose tel ou tel projet d’amélioration. « Souvent, les dirigeants continuent de croire que ça ne sera pas rentable, alors que ça peut l’être ! C’est l’équation qu’il faut casser », revendique le P-DG de la start-up qui mise sur les algues. Et la consultante de surenchérir : « On voit l’importance de la terminologie : ‘décarbonation’ est un terme qui peut sembler négatif. C’est comme ‘décroissance’ : d’ailleurs, il serait plus juste de parler de croissance nouvelle… »

Une restitution collégiale 

L’enjeu des Trivial pour Green est réussi : à chaque session, les participants partagent leur point de vue, soulèvent des synergies à créer. L’animateur ou animatrice désigné en début de « jeu » est toujours là pour relancer le débat ou pointer les zones d’ombre. Par exemple, quand il est question d’IA : ne doit-on retenir que son coût énergivore… même si elle est au service d’une démarche soutenable ? Le CEO d’une entreprise concernée en est convaincu : les acteurs du numérique doivent assumer leur responsabilité : « C’est la bêtise humaine qu’il faut challenger, plus que l’IA ! Quand on voit que tout le monde se jette dessus pour générer son starter pack ou son avatar Ghibli… » Et sa voisine, alors, de s’interroger : « C’est quoi la solution ? » 

Au Trivial pour Green, ce n’est pas la course aux camemberts qui prévaut, mais aux discussions constructives, le tout garanti sans mauvais joueur. Même si chacun n’a pas toujours le même degré d’avancement sur certains sujets. C’est ce que montre la fin des sessions, où Cyrielle Hariel, journaliste spécialisée dans l’économie sociale et solidaire, est chargée de restituer à l’ensemble des participants les principaux enseignements de ces tables. Par exemple, à la question « qui a déjà changé de fournisseur pour un qui soit plus vert ? », seulement la moitié de l’assistance est concernée. Et la journaliste de justifier cette réponse mesurée : « Certains entrepreneurs optent pour des partenaires aux pratiques plus vertueuses et d’autres continuent en effet de travailler avec leurs fournisseurs historiques, estimant qu’ils peuvent avancer ensemble selon une logique de co-construction, sur le long terme. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : avoir des objectifs plus green, c’est aussi se donner des objectifs à 10 ans. »  Et ce, pour des effets plus durables, dans tous les sens du terme.  

 

 

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